FORUM DU DIMANCHE DE LA SANTE POUR L’ARCHIPRETRE DE THIONVILLE
A l’occasion du Dimanche de la santé, un premier forum a été organisé le 07 février 2010, de 14h30 à 17h00 en la salle Albert Schweitzer à Thionville pour tout l’archiprêtré.
Il avait pour thème « Sois sans crainte, j’ai un handicap et alors ?! »
Il a fait suite à une attention particulière, lors des messes dominicales des trois communautés de paroisses, sur ce qui est vécu en Pastorale de la santé sur le secteur thionvillois.
80 personnes environ se sont déplacées pour vivre ensemble cet événement. La chanson du slameur « Grand Corps Malade » intitulée « Paroles de 6ème sens » a été écouté en introduction. Plusieurs témoins du Mouvement « Foi et Lumière », des Aumôneries des Hôpitaux et Maisons de retraite, de la Pastorale des Personnes Handicapées, de la Catéchèse spécialisée et de l’ACE ont pris la parole pour partager leurs différentes expériences. Animé aussi par le groupe musical « Musiques sans Frontière », cet après-midi fut pour les participants un moment d’émotion et d’admiration devant la profondeur et la richesse des témoignages mais aussi devant la joie et la participation active des personnes handicapées présentes.
Un verre de l’amitié, accompagné de bons gâteaux, ont clôturé ce forum au combien convivial et fraternel qui restera dans les mémoires.
Pour visionner les photos et une vidéo, cliquez sur ce lien Picasa :
Quelques extraits des témoignages :
Des personnes handicapées du mouvement « Foi et Lumière »
- j’aime faire partie de Foi et Lumière, parce que c’est comme une famille, on se retrouve en famille, on n’est pas jugé.
- Je me rends compte que je ne suis pas seul à être handicapé, et qu’il y a plus handicapé que moi
- On partage avec les autres personnes du groupe
- Foi et Lumière c’est des copains que l’on retrouve chaque mois
- Foi et Lumière c’est partager la Parole de Dieu
- Pourquoi les gens voudraient nous voir handicapés ou malades ? Nous sommes simplement différents
- Moi je ne suis pas une personne handicapée, j’ai simplement un peu de retard
- Nous sommes les maillons d’une chaîne
- Ma tante disait à ma mère que j’étais handicapé, que je ne savais rien faire. Puis avec le temps, elle a pu constater que je savais faire des choses : travailler au CAT, discuter avec neveux : son regard à changer…
- Dans ma famille, j’ai beaucoup souffert. C’est difficile de vivre avec les autres
- J’ai besoin d’aimer les autres, ceux-ci devraient nous prendre comme nous sommes. Cela doit être difficile pour les autres de nous regarder quand on ne nous connaît pas. L’autre peut avoir peur de l’handicap.
- Dieu, se manifeste en nous, il nous aime comme on est
Des personnes engagées en aumôneries des hôpitaux et maisons de retraite
- une rencontre pour oser une parole d’espérance, prier, célébrer l’eucharistie, leur apporter un peu « d’air extérieur », dans la monotonie du quotidien de certains. C’est accompagnement, une reconnaissance de ce qu’ils sont, sans jugement ni préjugé.
- Si nous apprenons à leur contact, patience, tolérance, simplicité du cœur, il est vrai aussi que nous ne sortons pas indemnes de ces rencontres car leurs souffrances, nous les partageons, nous les portons.
- Aller à la rencontre des résidents en maison de retraite, c’est savoir être humble pour reconnaître que le Seigneur se sert de nos faiblesses pour agir et qu’il est bien présent au cœur de ces souffrances avec sa tendresse et sa miséricorde
- Mon approche du patient est à l’opposé de ce que je faisais auparavant. C’est beaucoup plus facile de rentrer dans une chambre en temps que soignant physique, même si la dimension SOIN doit comprendre une approche spirituelle. Mais il ne faut pas se leurrer, dans la conjoncture actuelle, c’est difficile pour les soignants de passer plus de temps auprès des personnes malades.
- En tant que membre de l’aumônerie, on propose ou demande la rencontre, » grosse différence ».Ces visites m’apportent beaucoup spirituellement, mais je pars toujours de chez moi en me traitant de « bourrique », avoir si longtemps pris le chemin de l’hôpital et y retourner…… Mais comme je m’occupe de la sacristie, j’ai donc les clés de l’Eglise et en cours de route, je m’arrête, pour prendre ma custode et là, je prie le Seigneur afin de l’Esprit-Saint guide mes pas, mes gestes, mes paroles et mes silences. Et je repars toujours plus sereine.
- Dans le service où je vais, je rencontre également des handicapés moteurs, qui viennent pour des problèmes d’escarres, de cicatrisation. Malgré leurs limites, leurs souffrances, je suis frappée de leur dignité qui impose le respect, et cela fait relativiser « la bobologie » de notre vie quotidienne.
- Quand j’ai la chance d’aller plus loin avec une personne dans la durée d’un accompagnement, alors je peux cheminer avec l’autre, à son rythme… c’est peut-être cela le plus difficile. Ne pas vouloir emmener l’autre là il ne peut pas encore aller, lutter contre l’envie de le devancer en lui proposant des solutions qu’il n’est pas encore prêt à vivre parce qu’il ne les a pas trouvées et formulées lui-même. Ces soi-disant solutions que je pourrais lui donner ne seraient alors qu’un plâtre sur une jambe de bois. Elles ne serviraient à rien.
- Souvent le visiteur ressent le besoin impérieux d’amener quelque chose au malade, un cadeau, une fleur, des chocolats… mais le plus beau cadeau n’est-il pas sa présence. Sa présence qui ouvre sur l’extérieur, apporte un peu de l’air frais du dehors à l’intérieur des murs de l’hôpital. Messager du monde, il est cette présence gratuite qui prend le temps d’être là, tout simplement, disponible pour l’autre et pour tout ce qu’il a à dire. Il peut TOUT dire car je ne suis pas lié avec lui par des liens affectifs qui l’empêcheraient de communiquer en vérité.
- Pour moi, être témoin du Christ vivant-mort et ressuscité c’est d’abord accueillir l’autre là où il en est, avec ses doutes, sa colère, sa rébellion contre la religion, son reniement de Dieu, son athéisme ou sa vie spirituelle quelle qu’elle soit. Qui dit : vie spirituelle dit d’abord rencontre pleinement humaine, en vérité, dans la fragilité de son être blessé, diminué par la maladie, la souffrance ou la mort proche.
- En résumé je finirai par une citation de Bernanos dans journal d’un curé de campagne qui souligne si bien ce que je ressens dans mon travail d’aumônier : « Oh ! Doux miracle de mes mains vides ! »
Parole de 6ème sens (Grand Corps Malade)
La nuit est belle, les récho et les étoiles nous mâtent
Pendant qu'on kiffe et qu'on apprécie nos plus belles vacances
La vie est calme, il fait beau, il est 2h du mat',
On est quelques sourires à partager notre insouciance
C'est à ce moment là hors du temps que la réalité a choisi
Pour montrer qu'elle décide et que si elle veut elle nous malmène
Elle a injecté dans nos joies comme une anesthésie
Souviens toi de ces sourires, ce ne sera plus jamais les mêmes.
Le temps s'est accéléré d'un coup, et c'est tout mon futur qui bascule,
Les envies, les projets, les souvenirs,
Dans ma tête y a trop de pensées qui se bousculent,
Le choc n'a duré qu'une seconde,
Mais ces ondes ne laissent personne indifférents.
« Votre fils ne marchera plus », voilà ce qu'ils ont dit à mes parents.
Alors j'ai découvert de l'intérieur un monde parallèle,
Un monde où les gens te regardent avec gêne ou avec compassion
Un monde où être autonome devient un objectif irréel
Un monde qui existait sans que j'y fasse vraiment attention.
Ce monde là vit à son propre rythme, mais n'a pas les mêmes préoccupations.
Les soucis ont une autre échelle, et un moment banal peut être une très bonne occupation.
Ce monde respire le même air, mais pas tout le temps avec la même facilité,
Il porte un nom qui fait peur ou qui dérange : les handicapés.
On met du temps à accepter ce mot, c'est lui qui finit par s'imposer,
La langue française a choisi ce terme, moi j'ai rien d'autre à proposer.
Rappelle toi juste que c'est pas une insulte, on avance tous sur le même chemin,
Et tout le monde crie bien fort qu'un handicapé est d'abord un être humain.
Alors pourquoi tant d'embarras face à un mec en fauteuil roulant ou face à une aveugle
Vas-y tu peux leur parler normalement.
C'est pas contagieux, pourtant avant de refaire mes premiers pas,
Certains savent comme moi qu'il y a des regards qu'on n'oublie pas.
C'est peut-être un monde fait de décence, de silence, de résistance
Un équilibre fragile, un oiseau dans l'orage, une frontière étroite entre souffrance et espérance.
Ouvre un peu les yeux, c'est surtout un monde de courage.
Quand la faiblesse physique devient une force mentale,
Quand c'est le plus vulnérable qui sait où, quand, pourquoi et comment ?
Quand l'envie de sourire redevient un instinct vital.
Quand on comprend que l'énergie ne se lie pas seulement dans le mouvement.
Parfois la vie nous teste et met à l'épreuve notre capacité d'adaptation.
Les 5 sens des handicapés sont touchés mais c'est un 6ème qui les délivre.
Bien au-delà de la volonté, plus fort que tout sans restriction,
Ce 6ème sens qui apparaît, c'est simplement l'envie de vivre
Il est ce monde et c’est le nôtre (Patrick Richard)
Il est ce monde, et c'est le nôtre quand l'Evangile vit par nos vies
Lorsque chacun compte pour l'autre qu'il peut aussi compter sur lui.
Est-il un monde
Où tout homme est digne d'humanité
Où tout homme est digne de dignité
Un monde juste ?
Est-il un monde
Où chaque nuit est peuplée de veilleurs
Où chaque nuit s'efface à la lueur
D'une présence ?
Est-il un monde
Où toute heure a son reflet de clarté
Où toute heure a son cadran accroché
A l'espérance ?
Est-il un monde
Où prendre soin ce n'est pas que soigner
Où prendre soin est apprendre à aimer
Pour un passage ?
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